Montesquieu (18/01/1689-10/02/1755)
A travers d’une de ses œuvres, Montesquieu tente de
dégager les principes fondamentaux et la logique des différentes institutions
politiques par l'étude des lois considérées comme
simples rapports entre les réalités sociales.
Son œuvre, qui inspira les auteurs de la Constitution de
1791, est à l'origine du principe de distinction des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, base de toute démocratie.
Cependant, malgré l'immensité de son apport à la
théorie moderne de la démocratie parlementaire et du libéralisme, il est nécessaire de replacer
un certain nombre de ses idées dans le contexte de son œuvre, De l'esprit des
lois :
Montesquieu
prévoit la « distribution des pouvoirs ». Montesquieu voit exister
trois pouvoirs : la « puissance législative », la
« puissance judiciaire », et la « puissance exécutrice »,
c'est-à-dire le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Ceux-ci devraient être séparés
et dépendants les uns des autres afin que l'influence de l'un des pouvoirs ne
prenne l'ascendant sur les deux autres. Cette conception éliminait la structure
en trois États de la monarchie française: le clergé, l'aristocratie et le peuple.
Montesquieu
s'appuie sur l'importance de la représentation. Les corps intermédiaires sont
les garants de la liberté - la Révolution française montrera toute son
ambiguïté quand elle supprimera les corporations, défendant à la fois la
liberté du travail et dissipant les corps intermédiaires, laissant l'individu
seul face à l'État - et le peuple doit pouvoir simplement élire des dirigeants.
Montesquieu
distingue alors trois formes de gouvernement, chacune soutenue par un
principe :
- La
monarchie, « où un seul gouverne, mais par des lois fixes et
établies », fondée sur l'ambition, le désir de distinction, la
noblesse,
- La
république, « où le peuple en corps, ou seulement une partie du
peuple, a la souveraine puissance », comprenant deux types :
- Démocratie,
régime libre où le peuple est souverain et sujet. Les représentants sont
tirés au sort parmi les citoyens qui sont tous égaux.
- Aristocratie,
régime où un type de personnes est favorisé à travers les élections.
- Démocratie,
régime libre où le peuple est souverain et sujet. Les représentants sont
tirés au sort parmi les citoyens qui sont tous égaux.
Dans
les deux cas la transparence est indispensable.
- Le
despotisme, régime d'asservissement où « un seul, sans loi et sans
règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices » dirigé par
un dictateur ne se soumettant pas aux lois, qui repose sur la crainte.
Actuellement il est surprenant de constater que pour
Montesquieu la monarchie permet plus de liberté que la république puisqu'en
monarchie il est permis de faire tout ce que les lois n'interdisent pas alors
qu'en république la morale et le dévouement contraignent les individus.
Les régimes libres dépendent de fragiles
arrangements institutionnels. Montesquieu affecte quatre chapitres De
l'esprit des lois à la discussion du cas anglais, un régime libre
contemporain dans lequel la liberté est assurée par la balance des pouvoirs.
Comme nombre de ses contemporains, Montesquieu
tenait certaines opinions qui prêteraient aujourd'hui à controverse. Alors
qu'il partageait l'idée qu'une femme pouvait gouverner, il tenait qu'elle ne
pouvait être à la tête de la famille.
Montesquieu
influença particulièrement Catherine II de Russie qui puisa
abondamment dans De l'esprit des
lois pour rédiger un ensemble de principes.. L'Impératrice reprit de
lui le principe de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et
judiciaire et condamna le servage à défaut de l'abolir.
Montesquieu ne s’accommode pas de l’idée d’esclavage.
Il décide donc de ridiculiser les esclavagistes dans De l’esprit des lois : il site alors une liste
d’arguments caricaturaux dont le grinçant « si nous les supposions des
hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes
chrétiens ».
Citations
sur l’esclavage : De l’esprit des lois (1748) :
« [L’esclavage]
n’est utile ni au maître ni à l’esclave »
Une des idées les plus célèbres de Montesquieu,
soulignée dans De l'esprit des lois et esquissée dans les Lettres persanes, est la théorie des
climats, selon laquelle le climat pourrait influencer substantiellement la
nature de l'homme et de sa société. Il va jusqu'à affirmer que certains climats
sont supérieurs à d'autres, le climat tempéré de France étant l'idéal. Il
soutient que les peuples vivant dans les pays chauds ont tendance à s'énerver
alors que ceux dans les pays du nord sont rigides.
Points
de vue sur Montesquieu
Le philosophe marxiste Louis Althusser le décrit comme un « libertin » partagé entre l'idéalisation
de la problématique des contre-pouvoirs féodaux et le désir de grandeur
parlementaire.
Selon plusieurs juristes, Montesquieu est le premier
comparatiste du droit. Le droit comparé, qui est de plus en plus
populaire est donc une discipline redevable en grande partie à Montesquieu. Les
écrits de ce penseur sont toujours d'actualité.