Voltaire (Francois Marie Arouet) 21/11/1694-30/05/1778
Selon Voltaire, la tâche de l'homme est de prendre en
main sa destinée, d'améliorer sa condition, d'assurer, d'embellir sa vie par la science,
l'industrie,
les arts.
Ainsi, la vie
en commun ne serait pas possible sans une convention où chacun trouve son
compte. La vertu,
« commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sentiment
et par l'intérêt.
Étranger à tout esprit religieux,
Voltaire se refuse cependant à l'athéisme
d'un Diderot
ou d'un d'Holbach. Il ne cessa de répéter son
fameux distique :
L'univers
m'embarrasse, et je ne puis songer
Que
cette horloge existe et n'ait point d'horloger.
Ainsi, selon Voltaire, l'ordre de l'univers
peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». Il repose
cette question formulée et qu'il laisse sans réponse: « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant
formé par un Dieu
que tous les théistes
se sont accordés à nommer bon? »
On lui attribue par ailleurs aussi cette
phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de l'existence
de Dieu,
mais comme je n'ai pas envie d'être volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez
que je donne au préalable congé à mes domestiques. »
Toute l'œuvre de Voltaire est un combat contre le
fanatisme et l'intolérance. « On entend aujourd'hui par fanatisme
une folie religieuse, sombre et cruelle. C'est une maladie qui se gagne comme
la petite vérole. »
Il a en tout cas lutté contre le fanatisme,
celui de l'Église catholique comme celui du protestantisme, symboles
à ses yeux d'intolérance et d'injustice. Tracts, pamphlets,
tout fut bon pour mobiliser l'opinion
publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter
l'indignation : l'humour, l'ironie deviennent des armes contre la folie
meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient
d'ailleurs tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles
aussi.
Il laisse à la postérité un gigantesque Dictionnaire philosophique qui
reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles
publiés dans l'Encyclopédie de Diderot
et d'Alembert.
De nos jours, son théâtre, qui l'avait propulsé au premier rang de la scène littéraire,
ainsi que sa poésie
(la Henriade)
sont oubliés.
Voltaire a fermement condamné l'esclavagisme. Le
texte le plus célèbre est la dénonciation des mutilations de l'esclave de Surinam
dans Candide mais son
corpus comporte plusieurs autres passages intéressants. Dans le
« Commentaire sur l'Esprit des lois », il félicite Montesquieu
d'avoir jeté l'opprobre sur cette odieuse pratique.
Essais sur
les mœurs et l'esprit des nations : « Nous n'achetons
des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce
commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que
l'acheteur. »
Comme Boulainvilliers et Sale, Voltaire attaque
également frontalement le christianisme: « tant qu’il y aura des
fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit
la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais
infecté le monde. »
De même, avec Examen important de milord
Bolingbroke ou le tombeau du fanatisme. Jésus y est caricaturé comme un chef de
parti, un gueux, un homme de la lie du peuple qui voulait
former une secte.
Dans ce livre, Voltaire y est plus clément sur
Mahomet, malgré son déisme affiché.
L'engagement de Voltaire pour la liberté religieuse
est célèbre, et un des épisodes les plus connus en est l'affaire Calas.
En 1763, Voltaire publie son "Traité sur la tolérance" à l'occasion
de la mort de Jean Calas, mort roué car il voulait se
convertir au catholicisme, qui bien qu'interdit aura un retentissement
extraordinaire et amènera à la réhabilitation de Calas 2 ans plus tard. Au
départ il n'éprouvait pas pour lui de sympathies particulières. Il venait alors
d'apprendre l'exécution de Calas et, encore mal informé, il croyait à sa
culpabilité. Mais des renseignements lui parviennent et, le 4 avril, il écrit à
Damilaville. Et il se lance dans le combat pour la réhabilitation. Cependant,
bien que révolté par le massacre de la Saint-Barthélemy, Voltaire n'a pas de
sympathie particulière pour le protestantisme établi. Dans sa lettre du 26
juillet 1769 à la duchesse de Choiseul il dit bien crûment : « Il y a
dans le royaume des Francs environ trois cent mille fous qui sont cruellement
traités par d’autres fous depuis longtemps. »